Ni vous sans moi de Marie de France (1160-1210)
D'eux deux il en fut ainsi
Comme il en est du chèvrefeuille
Qui au coudrier se prend:
Quand il s'est enlacé et pris
Et tout autour du fût s'est mis,
Ensemble ils peuvent bien durer;
Qui les veut ensuite désunir
Fait tôt le coudrier mourir
Et le chèvrefeuille avec lui.
- Belle amie, ainsi est de nous:
Ni vous sans moi, ni moi sans vous.
Beau poème que tu choisis Oeil de Tournesol
court pour ne pas faire longue mémoire
mais qui est extrait d'une longue chanson de la première écrivaine poétesse de langue française connue ou répertoriée comme telle
il y a bien longtemps au XII-XIII ième siècle
A propos de l'auteure:
Marie de France, la première femme poète française, vécut, dans la seconde moitié du XIIe siècle, à la cour brillante de Henri II d’Angleterre et d’Aliénor d’Aquitaine. Elle était cultivée, connaissait le latin et l’anglais, et aussi la littérature française contemporaine. Elle a écrit un Isopet (recueil de fables ésopiques), et surtout des Lais. Nous ignorons du reste presque tout de sa vie. Son nom lui a été donné en 1581 par l’érudit Fauchet à partir de deux vers de l’épilogue de son Ysopet: Marie ai nom, Si suis de France.
"La première et la plus frappante des qualités de Marie est un rare talent d'aller à l'essentiel" - Lods
A propos de ce lai:
Le mot 'lai" d'origine celtique signifie d'abord "chant". Le Lai du chèvrefeuille se rattache directement à la légende arthurienne. Il est sans doute le plus célèbre parce qu'il est lié au mythe littéraire de Tristan et Iseult et parce qu'il évoque l'amour éternel, à travers l'allégorie du chèvrefeuille et du coudrier inextricablement enlacés. Cela nous parle, bien sûr, aujourd'hui encore, même si le passage qui raconte une brève rencontre des amants dans la forêt intervient juste avant leur union définitive dans la mo
La comparaison avec le chèvrefeuille: exactitude scientifique (v.74-75): la séparation, dans une symbiose végétale, peut avoir pour résultat le dépérissement des deux plantes.
Cette comparaison débouche sur une métaphore de l'Amour: deux être vivants sont comparés à un phénomène naturel, il y a recours à l'IMAGE, dont le message est le suivant: l'Amour ne supporte pas la séparation, la séparation équivaut à la mort. "Ainsi", v.77 lien logique (cf. prologue, Marie joue sur connaissance de la légende de Tristan et Iseult)
Cette métaphore évoquant une SYMBIOSE (sum = avec & bio = vie), et une COMPLEMENTARITE (notion biblique), Destin lié: si l'un meurt, l'autre aussi (motif folklorique)
sources et compléments:
http://www.areopage.net/a172.html
https://www.lettres-et-arts.net/histoire-litteraire-moyen-age-16eme/lais-marie-france+132
https://geudensherman.wordpress.com/lit-ma-fr/ma-1150-1250/marie-de-france-les-lais/
http://www.cosmovisions.com/MarieFrance.htm
https://books.google.fr/books (pages 388 à 399)